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La collégialité dans l’Église constitutionnelle (1790-1801) - Persée

  • ️Plongeron, Bernard
  • ️Tue Jun 22 2021

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THÉOLOGIE ET APPLICATIONS DE LA COLLÉGIALITÉ DANS L’ÉGLISE CONSTITUTIONNELLE DE FRANCE (1790-1801)

L’Eglise de France, née de la Constitution civile du clergé, le 12 juillet 1790, ne souffre-t-elle pas du mépris des histo¬ riens qui ne voient généralement en elle qu’une malheureuse parenthèse schismatique dans la vie du catholicisme ? Et pourtant, derrière les options politiques, les constitutionnels dispensent une théologie et déploient une organisation interne jusqu’au Concordat de 1801 dont la modernité, après Vati¬ can II, force le respect et l’admiration.

Pour en saisir le sens, il serait nécessaire de restituer à cette Eglise son vrai visage au-delà des caricatures parti¬ sanes. Au lieu de se complaire dans la vision d’une poignée d’énergumènes gallicano-jansénistes, groupés par l’abbé Gré¬ goire pour abattre Rome au moyen de surenchères démago¬ giques, une tâche s’impose : retrouver le projet ecclésial de ces évêques et curés républicains, dont beaucoup sont des théologiens de premier ordre, capables de prouver leur cou¬ rage sacerdotal lors de la crise terroriste.

Il paraît donc nécessaire de commencer par un bref rappel de cette théologie du Peuple de Dieu sur laquelle se fonde le principe électif mettant en jeu le consensus des évêques, des prêtres et des fidèles, à divers degrés.

I. — Principes théologiques du consensus ecclésial

De 1790 à 1801, une immense littérature produite par le clergé républicain tente de répondre à l’accusation de fond : l’unité brisée avec Rome par acceptation de la légis¬ lation constitutionnelle de France, en dépit des condamnations