Le lait et les problèmes de l'élevage laitier en France - Persée
- ️Boichard, Jean
- ️Wed Mar 23 2016
LE LAIT ET LES PROBLÈMES DE L'ÉLEVAGE LAITIER EN FRANCE
par Jean Boichard
Le lait procure à l'agriculture française 19 c/c de son produit brut, c'est-à-dire deux fois plus que les céréales, autant que les viandes de bœuf et de veau, presque autant que les élevages non bovins réunie.
Dans de nombreuses exploitations agricoles, la vache est à ta fois la principale source d'argent frais et le meilleur procédé pour conserver ou même pour améliorer le capital du paysan. Elle permet une intensification des méthodes, indispensable lorsque les surfaces disponibles sont exiguës ; elle assure au petit exploitant une plus grande sécurité que les élevages hors sol (volailles et porcs), dont le marché, moins encadré, connaît davantage les cycles spéculatifs.
Malgré les exigences quotidiennes de la traite et des travaux d'étable, l'élevage laitier demeure l'activité principale d'une grande majorité des agriculteurs français, et pas forcément des plus âges. En 1970, l'âge moyen des producteurs de lait était inférieur de 4 ans à celui de l'ensemble des paysans français. Peut-être faut-il expliquer par cette relative jeunesse des hommes, et malgré l'exiguifé de la ferme laitière moyenne, les progrès techniques accomplis au cours des vingt dernières années : l'augmentation des rendements unitaires et de la production globale de lait supporte bien la comparaison avec ce qu'on peut constater dans la céréaliculture, à laquelle on attribue pourtant une progression spectaculaire.
Mais en doublant leurs livraisons en dix ans et le volume de leur production en vingt ans, les agriculteurs laitiers français ont inquiété les pouvoirs publics de leur pays et les techniciens du Marché Commun ; les uns et les autres se sont effrayés d'avoir à payer de lourdes « restitutions » pour liquider les excédents de beurre et de poudre de lait, ils ont cherché le moyen d'assainir le marché du lait d'une manière permanente. Une idée, couramment répandue depuis la publication du rapport Mansholt, voudrait qu'on puisse plus facilement maîtriser la production si celle-ci n'était assurée que par un nombre limité d'agriculteurs possédant des étables plus importantes : de tels exploitants, moins