Le rôle militaire des cohortes urbaines - Persée
- ️Bérard, François
- ️Mon Sep 09 2019
FRANÇOIS BÉRARD
LE ROLE MILITAIRE DES COHORTES URBAINES
Les textes anciens parlent peu des cohortes urbaines : deux mentions par exemple dans Suétone (Aug., 101 ; CL, 10) et dans les Annales de Tacite (IV, 5; VI, 9), une demi-douzaine dans Dion Cassius, en général à l'occasion d'inventaires de la garnison de Rome, dans les testaments des empereurs, ou en cas de guerre civile (une dizaine d'occurrences dans les Histoires). Leurs missions sont essentiellement civiles, surtout de police, mais restent en fait très mal connues1. Si elles vont au combat, ce ne peut être que pour une guerre civile : ainsi soutiennent-elles une éphémère tentative de restauration républicaine après la mort de Caligula2 et, plus tard, le parti d'Othon contre Vitellius. Mais là elles sont véritablement engagées dans les combats contre les légions de Germanie, et Tacite (Hist., I, 89) y voit le signe d'un bouleversement complet de l'État :
« turn legiones classesque et, quod raro alias, praetorianus urbanus- que miles in aciem deducti».
On a beaucoup discuté sur le sens de cette phrase, pourtant limpide. Pour M. Durry3, ce sont les cohortes urbaines, et elles seules, qui ne sont pas habituées au combat, mais cela va contre la phrase latine. H. Freis4, conciliant, pense que c'est l'engagement simultané des prétoriens et des urbaniciani qui était rare, mais c'est forcer le texte, et trahir la pensée de Tacite. Tacite, dans l'ensemble de son récit, distingue rarement prétoriens et urbaniciani, qu'il englobe dans une même réprobation. Ainsi, quelques
MEFRÄ - 100 - 1988 - 1, p. 159-182.