Le dieu Pan et l'expression de la violence dans Daphnis et Chloé - Persée

LE DIEU PAN ET L'EXPRESSION DE LA VIOLENCE DANS DAPHNIS ET CHLOÉ

André CHEYNS

Nul ne s'étonnera que le nom du dieu Pan soit mentionné avec une certaine fréquence dans un roman pastoral comme Daphnis et Chloé. Toutefois, il est intéressant de noter qu'il ne totalise pas moins de quarante-huit occurrences dans l'œuvre de Longos, alors qu'il n'est jamais cité par Chariton ni par Xénophon d'Éphèse ni par Héliodore, et que les neuf emplois attestés dans le roman d'Achille Tatios sont limités au passage du chant VIII qui raconte le mythe de Syrinx '. Le nombre élevé de références contenues dans Daphnis et Chloé laisse entendre que cette œuvre confère au dieu bouc une place importante, que les autres romans d'amour grecs ne lui reconnaissent pas. Une difficulté surgit, toutefois, quand on s'interroge sur les fonctions attribuées par l'auteur au dieu Pan, connu pour son caractère sauvage, instable et brutal, dans un récit décrivant l'évolution d'un amour sincère et fidèle qui s'épanouit dans le mariage. Le problème concerne, en particulier, la violence manifestée par ce dieu : dans les mythes de Syrinx et d'Écho, elle est responsable de la mort des deux jeunes filles, mais dans le récit lui-même, elle prend pour cibles les ravisseurs de Chloé et permet ainsi de sauver l'héroïne du roman.

Il est donc utile d'examiner tous les passages de Daphnis et Chloé qui mentionnent le dieu Pan, afin d'apporter des précisions sur le rôle que lui assigne l'auteur 2.