Bastien (Pierre). Le monnayage de l'atelier de Lyon. De la réouverture de l'atelier en 318 à la mort de Constantin (318-337). - Persée
- ️Callu, Jean-Pierre
- ️Tue Oct 16 2018
Wetteren, Éditions Numismatique romaine, 1982 ; 1 vol. 22 χ 28 cm, 200 p., 25 pi. (Numisimtique Romaine, XIII). — Les années 318-337 ne sont pas une période faste pour l'atelier lyonnais supplanté par celui de Trêves : le volume des émissions reste limité, notamment après 336 où un seul type est produit, l'exception venant des séries d'anniversaire en 321 ; à plusieurs reprises (319-321, 322-323, 332-333, 334-336) les frappes s'interrompent et même de 325 à 330 l'officine chôme totalement : ajoutons encore qu'à partir de 336, comme dans les autres hôtels, la qualité technique s'appauvrit : mauvaise gravure, lettres irrégulières, progression du plomb dans l'alliage.
Il faut néanmoins remercier l'Auteur, qui poursuit ainsi une histoire monétaire inaugurée avec Aurélien mais dont les antécédents durant le Haut-Empire paraîtront bientôt, d'avoir, en parcourant collections de musée et publications de trésors — celui de Freston est pour la première fois vu de près — réuni 2709 exemplaires susceptibles de fournir un corpus largement accru par rapport au catalogue du Roman Imperial Coinage, VII, de 1966.
Depuis cette date, les travaux de R.A.G. Carson et A.M. Burnett ont apporté d'utiles précisions. L'auteur s'en inspire mais sa contribution personnelle est très importante. Outre un classement méthodique des émissions, qui parfois redate, élimine ou complète, il donne sur le système monétaire et la technique des pièces officielles ou irrégulières des indications qui devraient faire réfléchir les historiens frottés de numismatique.
Tous les princes n'ont pas le même traitement : Licinius I apparaît peu et son fils jamais ; à l'autre bout de la chaîne, Delmace n'intervient qu'avec la dernière série en 337 ; Constantin fait une large place à Crispus, puis, après 330, s'efface presque devant Constantin II ; des deux impératrices, Hélène et Fausta, la première a droit à une iconographie plus riche, quoique l'une et l'autre bénéficient de l'Augustat, ce qui explique, selon nous, la formule Prouidentiae Augustorum, a priori anormale après 324. Nous ne pensons pas, en effet, qu'on ait mélangé les dénominations Augustus et Caesar: à preuve les médaillons d'argent de 336, d'un style si original, et aussi la marque CR, omniprésente de 321 à 323, où par opposition au sigle antérieur AS, se trouve indirectement évoqué le Cèsarat de Crispus et Constantin II.
L'organisation de l'atelier, avec une seconde officine qui met six ans à rattraper la première, capte également l'attention en l'orientant vers des questions difficiles à résoudre : pourquoi les titulatures des Césars sont-elles au datif de 318 à 321 ?; pourquoi deux trésors anglais ont-ils pour les émissions de 330-334 des moyennes pondérales aussi différentes que 1,87 et 2,49 gr. ? ; pourquoi, surtout, naissent les imitations ? Ce dernier problème, admirablement illustré par 72 photographies d'exemplaires conservés à Berlin, reçoit cependant un commencement d'explication, puisque P. Bastien, distinguant deux groupes de contrefaçons, avant et après 330, démontre que le premier d'entre eux a, en définitive, une importance mineure. Ceci à la différence du second, qui continue jusqu'au delà de Magnence, comme une récente publication de R. Delmaire, cf. BSF Num., 38, 6, 1983, p. 342, nous le confirme.