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La langue maltaise : un carrefour linguistique - Persée

  • ️Vanhove, Martine
  • ️Thu Apr 28 2016

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Martine Vanhove

La langue maltaise un carrefour linguistique

Pendant longtemps les linguistes se sont interrogés sur la disparition de toute trace d'une langue précédente, punique, latine ou grecque, dans la toponymie maltaise1. De même, les archéologues se sont étonnés de l'absence de restes de la période arabe à Malte, les plus anciens vestiges remontant à l'époque où les Normands avaient déjà repris l'Archipel aux Arabes. La récente découverte de Joseph Brincat (1991) semble enfin lever le voile sur ces mystères : dans l'édition à Beyrouth du dictionnaire géographique (1975 : 520) de al- Himyarî (m. 900/1494) il est en effet mentionné que l'île de Malte fut vidée de sa population à la suite de la conquête arabe et repeuplée seulement par les musulmans et leurs esclaves à partir de 440/1048-49 (J. Brincat, 1991 : 2). Le récit de al-Himyarî apporte de quoi mettre définitivement un terme à toutes les spéculations qui eurent cours jusqu'au XIXe siècle dans le milieu des grammairiens quant à une origine phénicienne, punique ou "cananéenne" de la langue maltaise, et qui a encore aujourd'hui les faveurs d'une grande partie de la population maltaise, tant les préjugés contre tout ce qui peut avoir un lien avec la religion musulmane sont forts dans ce pays profondément catholique. Il paraît possible que l'Archipel ait été repeuplé à partir de la Sicile (J. Brincat, 1991 : 8). Les musulmans2 auraient donc régné sans partage sur l'archipel Maltais pendant 42 ans seulement, jusqu'en 1090, date à laquelle le comte normand Roger reconquit l'île pour la chrétienté. Plus d'un siècle et

RE.M.M.M. 71, 1994/1