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Jean-Marie Cauchies, Louis XI et Charles le Hardi. De Péronne à Nancy (1468- 1477) : le conflit, 1996 (Bibliothèque du Moyen Age, 8) - Persée

  • ️Sommé, Monique
  • ️Thu Feb 10 2022

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Jean-Marie Cauchies, Louis XI et Charles le Hardi. De Péronne à Nancy (1468- 1477) : le conflit, Bruxelles, De Boeck Université, 1996, 184 p., 9 pi. h. t. (Bibliothèque du Moyen Age, 8)

Un drame en sept scènes et en sept lieux, complété par un portrait renouvelé de deux acteurs illustres, voilà comment Jean-Marie Cauchies a conçu de présenter au lecteur l'histoire des relations conflictuelles entre Louis XI et Charles, dernier duc de Bourgogne de la maison de Valois. Le choix pour ce dernier du surnom « le Hardi », au détriment de « le Téméraire », est défendu tout au long de l'ouvrage, avant une argumentation finale incluse dans le dernier chapitre : « Charles de Bourgogne, hardi ou téméraire ? » (p. 147-159).

Plutôt qu'à une relation détaillée des faits, l'auteur nous invite, pour chacun des sept événements retenus, à les comprendre, à l'aide de retours en arrière, d'une présentation des personnages-clé, d'exposés sur l'évolution de la situation diplomatique internationale ou sur la politique intérieure du duc Charles dans ses Etats. Ainsi Péronne lui permet d'évoquer la jeunesse de Louis et de Charles et leurs relations difficiles avec le père, l'aspiration du duc à la souveraineté et le problème liégeois. Les deux chapitres suivants, centrés sur les deux premières phases de guerre ouverte entre le roi et le duc en 1470-1471 et 1472, accordent une large place à deux ambitieux, Warwick et Louis de Luxembourg, et au faible Charles de Guyenne, frère du roi de France ; chacun à sa manière eut son rôle dans le déroulement des faits. Une trêve signée à Compiègne en novembre 1472, prolongée jusqu'en mai 1475, autorise le duc de Bourgogne, alors à l'apogée de sa puissance, à tenter de réaliser sa plus chère ambition, dans l'Empire : obtenir la couronne de roi des Romains. Ce sont les pourparlers de Trêves avec Frédéric III de Habsbourg à l'automne 1473, auxquels J.-M. Cauchies, fin connaisseur des problèmes germaniques, consacre de beaux développements. Il réhabilite l'empereur, souvent dénigré, à qui il reconnaît mesure et sens des affaires publiques, et dresse une galerie de portraits des princes territoriaux, amis ou ennemis du duc Charles. Emettant plusieurs hypothèses sur l'échec de l'entrevue, il refuse d'y voir la main de Louis XL

Vient ensuite pour Charles le temps des échecs militaires et diplomatiques : Neuss (1474-1475), Picquigny (août 1475), et les trois dernières batailles de Grandson, Morat et Nancy où il trouva la mort le 5 janvier 1477. L'auteur reconnaît que le duc de Bourgogne commit une erreur d'appréciation en engageant le siège de la ville rhénane de Neuss en lutte contre son allié Robert de Bavière, archevêque de Cologne, mais il justifie ensuite son obstination. Les intérêts politiques et économiques du duc dans la vallée du Rhin étaient trop importants pour qu'il puisse y subir un échec ; la révolte de la Haute- Alsace, soutenue par Sigismond d'Autriche et les cantons suisses, lui impose aussi de rétablir sa situation. Louis XI revient alors sur le devant de la scène et réussit à rompre l'alliance anglo-bourguignonne en signant avec Edouard IV le traité de Picquigny. Par contre il est resté à l'écart des guerres menées par les