ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture
- ️Encyclopædia Universalis
- ️Wed Jan 29 2025
- 1. La floraison de l'enluminure médiévale
- 2. Le XVIe siècle et la naissance du portrait
- 3. Le siècle des Stuarts et l'art de cour
- 4. L'ère des « connaisseurs » (1714-1830)
- 5. Du réalisme académique au colorisme préraphaélite (1830-1914)
- 6. Le XXe siècle : tradition et innovation
- 7. Tendances récentes de l'historiographie
- 8. Bibliographie
Article modifié le 29/01/2025
La peinture anglaise est souvent évoquée avec condescendance de ce côté-ci de la Manche – quand elle n'est pas complètement ignorée. On y discerne seulement, entre deux abîmes de médiocrité, un bref « âge d'or » allant de 1750 à 1850 et culminant avec Turner. Pour comprendre comment cette présentation caricaturale a pu longtemps être crédible, il faut aborder de front le reproche habituel fait à l'art de ce pays : il n'y aurait pas de peintre anglais avant Hogarth. Van Dyck, naturalisé en « sir Anthony », était flamand, et Holbein bâlois. Quant à la peinture médiévale, il n'y en a pas, puisqu'elle a été détruite par le zèle des réformateurs protestants. Toutes ces vérités, cependant, ne signifient pas que la peinture anglaise était inexistante avant le xviiie siècle, ou a été le fait d'artistes étrangers invités par des souverains soucieux de rivaliser avec leurs homologues du continent. Si la Réforme a bien tué la peinture religieuse, elle n'a pas affecté les autres genres, et notamment l'art du portrait qui a été, à toutes les époques, une des gloires de l'art britannique. D'autre part, l'apport de la Grande-Bretagne dans un genre majeur, celui du paysage, a fréquemment été sous-estimé : on oublie que ce sont les aquarellistes anglais des années 1780 qui ont « inventé » le paysage moderne, et que l'œuvre immense de Turner est née dans ce terreau fertile. Toutefois, il serait dangereux d'apprécier les peintres d'outre-Manche uniquement comme précurseurs. Robert Rosenblum, dans le catalogue de la rétrospective British Art in the 20th Century (Londres, 1987), a justement dénoncé ce type d'approche anachronique : « Si l'on écrivait l'histoire de la peinture britannique au xixe siècle du point de vue des avant-gardes parisiennes successives, des maîtres comme Turner et Constable apparaîtraient principalement comme des prophètes de l'impressionnisme, et beaucoup d'artistes inoubliables – visionnaires religieux comme Blake et Palmer, réalistes et réformateurs fanatiques comme les préraphaélites, illustrateurs fous comme Richard Dadd – seraient expédiés en quelques lignes. » Si le cadre de cet article nous oblige à de tels raccourcis, cela ne veut pas dire que l'amateur de peinture doive s'abstenir d'aller admirer outre-Manche les œuvres d'artistes peu connus en France et absents de nos musées. Loin d'être à la remorque de la peinture continentale, la créativité picturale anglaise présente des aspects originaux (certains diraient insulaires) qu'il convient de souligner d'entrée de jeu. En premier lieu, il faut souligner les contrastes quasi permanents dans le statut social des peintres anglais entre deux types d'artistes : d'une part, les « maîtres » reconnus, confortablement installés dans l'establishment artistique, et, d'autre part, les excentriques et les marginaux comme William Blake et Laurence S. Lowry, poursuivant une recherche solitaire à l'écart des modes. En second lieu, notons la permanence extraordinaire des genres picturaux traditionnels jusqu'à notre époque : le portrait, loin d'être moribond, a gardé son pouvoir attractif en Grande-Bretagne dans les couches supérieures de la société ; la peinture narrative, teintée de réalisme social, prospère depuis Hogarth et sans interruption jusqu'aux photo-montages de Gilbert et George. Enfin, il faut mentionner l'autofécondation de la peinture anglaise : à chaque génération, les modernes sont à l'écoute des anciens ; ainsi Constable ne jurait que par les paysages de Gainsborough, et Graham Sutherland est tombé sous le charme des dessins de Samuel Palmer. Est-ce à dire qu'il existe une « anglicité » de la peinture britannique, comme l'a soutenu Nikolaus Pevsner ? Rien n'est[...]
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Écrit par
- : professeur à l'université de Clermont-Ferrand-II-Blaise-Pascal
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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